L’idée du C.A.M.T.A.R est née d’une volonté de laisser la place à l’inconnu, l’aventure, la rencontre, l’incertain, le tâtonnement et l’erreur, c’est-à-dire le désir. Car en général, pour répondre à un appel à projet et être sélectionné, il faut envoyer un dossier présentant à l’avance l’action, son déroulement, ses objectifs (et donc la finalité avant même qu’elle ne soit commencée) et des critères pour évaluer le travail.
Mais lorsque notre envie est de construire un projet en lien avec un contexte, un territoire, un lieu de vie, des habitants, comment fait-on pour écrire sur des problématiques, un quotidien et des liens qui nous sont encore inconnus?
Expliquer son projet à l’avance fige les initiatives : nous sommes tenu de suivre le scénario proposé, comme une promesse lancée. Comment s’adapter alors à la situation? On redoute alors l’improvisation, les réactions de l’instant qui nous détourneraient de notre objectif premier au risque de saboter le résultat.
L’idée du C.A.M.T.A.R est née d’une volonté de ne pas proposer un projet (Un ensemble d’activités coordonnées et maîtrisées comportant des dates de début et de fin, entrepris dans le but d’atteindre un objectif conforme à des exigences spécifiques.) mais un chantier ( Un acte direct proposé aux concernés pour étudier leurs réactions, entrepris dans le but de progresser vers un acte plus évolué suivant les dires et les besoins soulevés. Il est conduit en équipe de manière collaborative en une ou plusieurs phase suivant le développement du cheminement qui en découle. Il peut être reconduit si nécessaire et assure au fur et à mesure la formation et le transmission de savoirs et savoir-faire.)
Pour cela le C.A.M.T.A.R ne propose pas une action / solution se greffant à une situation donnée, mais plutôt une gamme d’outils modulables sans affirmation de résultat final pour laisser la place à l’instant présent, au partage de savoir et à la participation des habitants. La confrontation orale d’idées est nécessaire pour ne pas se restreindre à ce qu’il est possible d’obtenir, mais s’ouvrir à ce que l’on souhaite réellement faire.
c.f : « Les cahiers du Pavé #1 : Le Projet », 2013
LE PROCESSUS ARTISTIQUE
Art relationnel : un art prenant pour horizon théorique la sphère des interractions humaines et son contexte social, plus que l’affirmation d’un espace symbolique autonome et privé.
L’œuvre contemporaine se présente alors comme une durée à éprouver, comme une ouverture vers la discussion illimitée. Sa forme dont l’intersubjectivité forme le substrat prend pour thème central l’être-ensemble, la «rencontre» entre regardeur et tableau, et l’élaboration collective du sens.
L’œuvre fonctionne comme dispositif relationnel comportant un certain degré d’aléatoire, une machine à provoquer et gérer des rencontres individuelles ou collectives.
Nicolas Bourriaud, Esthétique Relationnelle
Le C.A.M.T.A.R s’appuie sur l’Art relationnel. Un premier temps s’opère, celui de la découverte du territoire et de la rencontre de ceux qui le vivent. Puis vient le temps de l’exploration collective : lorsque la confiance et l’échange est au rendez-vous entre les protagonistes du C.A.M.T.A.R et les habitants, alors une première esquisse d’oeuvre contextuelle est mise au point. Arrive ensuite le temps de la confrontation : l’oeuvre est soumise à ceux qui sont à l’origine du projet de part le partage de leur point de vue et de leurs récits. La proposition s’affine au fur et à mesure des échanges, jusqu’à trouver une forme finale pertinente dans le contexte donné.
Lors de ces différents temps, l’accent est mis sur le partage de savoirs et la transmission, pour qu’une fois le C.A.M.T.A.R parti, les habitants puissent se réapproprier le processus d’élaboration et garder une dynamique pour créer de nouveaux projets communs.
bonjour, je découvre ces textes et je suis troublée de tant m’y découvrir !
soaz
yo, juste pr signaler une coquille dans le 1er paragraphe « et donc la finalité avant même qu’elle n’est commencée ». je me demande si c’est avoir commencé ou être commencé, soit « qu’elle n’ait commencé » ou « qu’elle ne soit commencée »? enfin bref énorme merci pour l’envie, le désir, que ce projet propage!
Merci! L’erreur est corrigée. Et effectivement… ça fonctionne mieux avec le verbe avoir! 😉